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18.2.-23.2.2019, Biel/Bienne

Fieldwork XII

Le ‘Fieldwork 12’ était mon dernier ‘Fieldwork’ à Bienne avant le commencement du montage de la “Robert Walser-Sculpture”. Je pense vraiment avoir bien fait – sur les deux ans et demi – mon ‘Fieldwork’, mon travail de champ. Je pense que ces 12 semaines de rencontres avec des habitant/es de Bienne vont être plus tard déterminantes. Elles vont être déterminantes, car toutes ces rencontres – même celles qui apparemment n’ont pas abouti à une co-opération – vont pouvoir se transformer dans et pendant la “Robert Walser-Sculpture” en une implication et une participation réelle. Je pense aussi que – moi, artiste – j’ai fait tout simplement mon travail pendant ces ‘Fieldwork’.

A part le conflit violent que j’ai eu avec des membres de la fondation SPA (et sur lequel je ne veux pas m’attarder car je suis sûr qu’il était nécessaire et bénéfique pour mon projet) le ‘Fieldwork 12’ était un succès. Car un conflit peut aussi – parfois – déboucher sur une clarification et une simplification, car plus que jamais et malgré les succès du ‘Fieldwork 12′ la “Robert Walser-Sculpture” est en danger et dans un statut d’urgence absolue. J’ai compris que là, vraiment, je suis à genoux, devant un mur, un mur infiniment haut. Je dois penser ici – devant ce mur – a la citation magnifique de Friedrich von Logau : “Dans l’urgence et la grande détresse, le chemin du milieu apporte la mort certaine.”

Peut-être que ce que j’écris ici est – à lire – quelque peu général mais mon souci est de m’en tenir à l’énergie et à la dynamique de ce qui reste de mon travail et de ce qui génère encore mon travail. Mon souci est de ne pas tomber dans le ‘personnel’ et le ‘particulier’. Ma préoccupation est – sans renier le côté complètement particulier (à Bienne, en Suisse) et absolument personnel (c’est moi, qui aime Robert Walser) de ce travail – de rester dans une logique universelle. Ainsi, je ne veux pas raconter des anecdotes et des petites histoires. Je veux m’en tenir à l’essentiel :

Sur les 6 jours nous avons – ensemble avec Enrique Munoz-Garcia et Jan Buchholz – fait plus de 70 Rendez-Vous avec des Biennois et Biennoises. La plupart de ces Rendez-Vous ont pris place dans le magnifique Café ‘Bresil’ près de la Place de la Gare. J’ai encore une fois appris comment un travail dans l’espace public demande une exigence de clarté et de précision de tous les instants. J’aime cette clarté, cette précision et cette rigueur qui sont indispensables si on veut essayer d’impliquer des habitants, résidents, visiteurs. Ici à Bienne, où je veux travailler avec les résidents, donc des Biennoises et Biennois, cela demande de ne faire aucune distinction entre eux. De ne faire aucune distinction entre les gens est quelque chose de constitutif, découlant de mon travail depuis – et pour – toujours, cela découle de mon travail dans l’espace public en particulier et encore plus de la “Robert Walser-Sculpture” – que je veux résolument inclusive. Cela veut dire que je la conçois ‘pour’ et ‘avec’ un “Public Non-Exclusif». Ceci reste pour moi le défi ultime et la difficulté artistique supérieure. Donner une forme à ce défi et le concrétiser me semble une tâche impossible. Oui, ‘impossible’, non pas ‘presque possible’ ou ‘presque impossible’. ‘Impossible’ ne veut pas dire qu’il ne faut quand même pas tenter. Il faut que cela soit ainsi, car c’est seulement quand tout semble perdu, quand tout est vain et qu’il n’y a plus d’espoir, que quelque chose de nouveau, de beau et d’inattendu peut advenir.

Pendant le ‘Fieldwork 12′ j’ai eu vraiment besoin de toute ma capacité d’action ‘sans utiliser ma tête’ pour avancer malgré les difficultés qui s’accumulent, les obstacles qui se dressent (manque d’argent, incompréhensions artistiques, rejet de mon projet, peurs multiples, ambitions déplacées, demandes et exigences exagérées, intérêts personnels divers et buts parfois contradictoires).

Je pense aussi – comme je l’ai déjà pensé d’autres fois – que je ne suis pas la bonne personne pour faire ce genre de travail. Mais parce que je ne connais personne d’autre qui est assez stupide, assez insensé, assez acéphale et aussi courageux pour le faire à ma place, c’est moi qui doit le faire!

Le problème est que je suis totalement concentré et tendu vers une chose, une vision, une ambition, un but, un projet et je suis – ainsi – tout le temps en train de foncer, de foncer tout droit, d’accélérer en ne regardant ni à gauche ni à droite. Je dois me battre pour quelque chose d’inouï, pour ma compréhension de l’art, pour une nouvelle dimension de sculpture, pour un hommage extraordinaire à Robert Walser. Beaucoup de monde ne comprend pas mon comportement, je dois l’accepter. Or, j’ai besoin – pour accomplir ma mission, ici à Bienne – comme jamais – de Résistance, de Confiance et de Chance et je dois être ‘touché par la Grace’. J’ai pendant ces 6 jours de Fieldwork à Bienne pu faire l’expérience de la Chance, de la Confiance et de la Resistance.

Je suis encouragé par toute cette dynamique positive rencontrée dans la ville de Bienne, en contact avec ces habitants, mais en même temps je m’interdis les faux espoirs. Je suis encouragé à agir, mais à agir de manière désespérée. C’est pourquoi la grâce – elle – doit rester ‘la très bienvenue’ pour la “Robert Walser-Sculpture”.

Thomas Hirschhorn, 1er mars 2019

Fieldwork XII

(Übersetzung)

Die 12. Fieldwork war die letzte in Biel vor dem Beginn des Aufbaus der «Robert Walser-Sculpture». Ich glaube, als Künstler meine Fieldarbeit gut gemacht zu haben. In den 12 Wochen bin ich Bielerinnen und Bielern begegnet, und wenn auch nicht alle Begegnungen zu einer Zusammenarbeit geführt haben, wird es während der «Robert Walser-Sculpture» zu echter Teilnahme und Auseinandersetzung kommen.

Die 12. Fieldwork war auch ein Erfolg, weil die Konflikte mit der Stiftung Schweizerische Plastikausstellung Biel zu einer Klärung geführt haben. Aber trotz dem Erfolg ist die «Robert Walser-Sculpture» in Gefahr und in Not. Ich habe dies verstanden, ich knie vor einer Mauer, einer unendlich hohen Mauer. Hier denke ich an das wunderbare Zitat von Friedlich von Logau «In grosser Not bringt der Mittelweg den sicheren Tod».

Vielleicht ist das, was ich hier schreibe ein wenig allgemein, aber meine Sorge ist es, mich an die Energie und Dynamik zu halten, die von meiner Arbeit bleibt oder durch sie entsteht. Meine Sorge ist es, nicht ins Persönliche und Spezielle zu verfallen, sondern in einer universellen Logik zu bleiben. Ich will mich ans Essentielle halten.

Während 6 Tagen sind wir – Enrique Munoz-Garcia, Jan Buchholz und ich – in über 70 Treffen  Bielerinnen und Bielern begegnet. Die meisten Treffen haben in der Nähe des Bahnhofplatzes, im Café Brésil stattgefunden. Ich habe wieder bemerkt, wie es für eine Arbeit im öffentlichen Raum wichtig ist, klar und präzise zu sein. Keine Unterschiede zwischen den Personen zu machen, ist grundlegend für meine Arbeit, seit immer und für immer, im öffentlichen Raum und ganz besonders für die «Robert Walser-Sculpture», die inklusive sein soll. Ich habe sie für und mit einem non-exklusiven Publikum entworfen.

Das bleibt für mich die ultimative Herausforderung und die künstlerische Schwierigkeit. Dieser Herausforderung eine Form zu geben, erscheint mir als unmöglich. Ja, «unmöglich», nicht «beinahe möglich» oder «beinahe unmöglich». «Unmöglich» will nicht heissen, dass man es trotzdem nicht versuchen soll. So ist es, denn wenn auch alles verloren scheint, alles vergeblich und hoffnungslos, kann etwas Neues, Schönes und Unerwartetes erscheinen.

Während der 12. Fieldwork war es nötig, dass ich meine Aktionsfähigkeit ohne zuviel «Kopfarbeit» erhalten konnte, um vorwärts zu gehen trotz den Schwierigkeiten, die sich anhäuften (fehlendes Geld, Unverständnis der künstlerischen Vision, Ablehnung des Projektes, vielfältige Ängste, unpassender Ehrgeiz, übertriebene Forderungen, persönliche Interessen und widersprüchliche Ziele).

Ich denke auch – wie schon oft – dass ich nicht die richtige Person für diese Arbeit bin. Aber, da ich niemand Anderen kenne, der dumm, unbelehrbar, aber auch mutig genug ist, es an meiner Stelle zu tun, muss ich es machen.

Das Problem ist, dass ich vollständig konzentriert bin und aufgehe in der Sache, einer Vision, einer Ambition, einem Ziel, einem Projekt – so bin ich immer am Kämpfen, am Beschleunigen, ohne rechts oder links zu schauen. Ich muss für etwas Unglaubliches kämpfen, für mein Verständnis von Kunst, für eine neue Dimension der Skulptur, für eine aussergewöhnliche Ehrung von Robert Walser. Es gibt viele, die mein Verhalten nicht verstehen, was ich akzeptieren muss.

Aber um meine Mission hier in Biel zu verwirklichen, brauche ich, wie noch nie, Widerstand, Vertrauen und Glück, um von der Grazie berührt zu werden. Während der 6 Fieldworktagen in Biel konnte ich Glück, Vertrauen und Widerstand erfahren.

Ich bin ermutigt durch diese positive Dynamik, die ich in der Stadt Biel im Kontakt mit den Bewohnern erfahren durfte. Gleichzeitig verbiete ich mir falsche Hoffnungen zu hegen. Ich will handeln, auch verzweifelt. Und es soll die Grazie willkommen sein für die «Robert Walser-Sculpture».

Thomas Hirschhorn, 1. März 2019

Photos © Enrique Muñoz García